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Rendez-vous social

Retour sur les « Rendez-vous de l’innovation sociale » qui avaient lieu à Montréal le 9 juin dernier.

Qu’est-ce que l’on entend exactement par « innovation sociale » ?

Vincent Van Schendel, président du conseil d’administration du Réseau québécois en innovation sociale parle d’initiatives humaines cherchant à trouver des réponses à des problèmes sociaux non-résolus. II précise dans son mot de bienvenue : « Nous vivons une période de profonds bouleversements. (…) Comment éviter la régression sociale et, au contraire, avancer vers une société à la fois plus inclusive et plus performante, non seulement au sens marchand du terme, mais bien dans la perspective de donner la meilleure réponse aux besoins des communautés. »

Dès lors, chacun peut se demander : c’est bien beau en théorie, mais quels sont les facteurs déterminants pour générer et réussir des « innovations sociales » ?

Une réponse se dégage des diverses présentations : « Voir autrement, avec un regard plus inclusif et solidaire ». Ce qui évidemment va à l’encontre des valeurs commerciales et individualistes de consommation.

Le principal ennemi de l’innovation sociale ? L’égocentrisme. Non-seulement celui des individus, mais à plus forte raison celui des organismes, institutions et entreprises.

« Enlever les casquettes et les égos »

Même les partenariats centrés autour de la mission d’un organisme n’auront jamais le même impact que ceux qui visent le bien-être de l’ensemble d’une collectivité. C’est là la différence fondamentale entre le développement social et  l’innovation sociale. Cette dernière innove précisément parce qu’elle sort des cadres logiques des entités légales et raisons d’être.

La vision de l’innovation sociale va bien au-delà de la somme des intérêts des organismes sociaux, entreprises commerciales et institutions. La personne qui endosse les objectifs de l’innovation sociale prend soin de quelque chose de plus grand que l’entité ou groupe auquel elle appartient, elle se préoccupe de l’ensemble d’une collectivité, et ultimement de l’ensemble de l’humanité et de la planète.

Il s’agit donc en tout premier de voir autrement, au-delà de nos reflexes et habitudes, pour parvenir à agir autrement à tous les niveaux de la société. Ce qui prend plus qu’un maillage entre partenaires. Cela nécessite de véritables mariages ou fusions intersectorielles.

Un des exemples qui nous a été donné en début de présentation est celui de la société de gestion immobilière Quo Vadis. Le réflexe de beaucoup d’intervenants sociaux est de se méfier du secteur immobilier et de ses intérêts spéculatifs. Là où il y a innovation dans la façon de penser et de faire, c’est justement lorsque des secteurs a priori très éloignés collaborent ensemble à un même projet.

Quo Vadis innove en se posant des questions sur les valeurs sociales sous-jacentes à un projet, avant même de penser en termes de développement immobilier. Ce qui implique des consultations auprès des citoyens et organismes. Ce type de collaboration favorise la réussite économique et sociale de projets innovateurs comme celui du Salon 1861 dans lequel avaient lieu les Rendez-vous de l’innovation sociale 2016.

Le Salon 1861 donne une nouvelle vocation à une immense église de quartier (construite en 1861) en la transformant en salle d’évènements multifonctionnelle comprenant un restaurant et un espace de coworking entrepreneurial. Cette initiative regroupe des entrepreneurs, chefs d’entreprise, groupes culturels, organisations communautaires et résidents locaux qui partagent des valeurs communes et qui veulent travailler ensemble pour bâtir une société plus durable, productive et inclusive.

Pourquoi beaucoup de projets en innovation sociale semblent réussir au-delà de toute logique financière et sociale ?

Tout simplement parce que ces projets sont intrinsèquement mobilisateurs et générateurs d’abondance. Parce qu’ils sont porteurs d’espoir en un monde plus équitable, parce qu’ils suscitent une large participation de divers intervenants appartenant à une variété de secteurs, et enfin parce que chaque personne, du simple citoyen à l’entrepreneur en passant par l’intervenant social, commence à croire en une façon de penser et d’agir autrement.

C’est là qu’on commence à parler de « synergie », l’un des mots clés des Rendez-vous de l’innovation sociale.

« Synergie et penser autrement », ce qui implique de briser nos façons de concevoir par « silos ». Les silos sont ces constructions verticales, généralement fermées et dédiées à un seul usage, qui s’élèvent dans les exploitations agricoles. L’image est éloquente : à partir de fondations très étroites, le silo s’élève en hauteur, emmuré et sans fenêtre, n’ayant qu’une seule fonction, celle de conserver les grains qui y sont entreposés.

Pas grand ouverture sur ce qui se passe autour !

Des « silos » il y en a partout dans la société. Peu importe que ce soit dans le secteur économique, social ou institutionnel, la pensée par silo est omniprésente.

« Sortez de vos silos » !

Le même mot d’ordre est revenu plusieurs fois dans la bouche des conférenciers et conférencières. La sortie de la pensée par silo est la condition sine qua non de l’innovation sociale.

Et c’est ce qui est appliqué à la lettre dans le « Quartier de l’innovation », le plus grand laboratoire d’expérimentation sociale au Québec, un « gigantesque terrain de jeu à ciel ouvert » pour les promoteurs, urbanistes, chercheurs, étudiants et intervenants sociaux. Un quartier en pleine ébullition et mutation. La plus grande concentration en technologie de l'information et du multimédia au Canada, plus d’une quarantaine de projets en cours, 6 milliards de dollars en investissement, et le Wifi gratuit dans tout le quartier (Griffintown, Pointe-Saint-Charles et Saint-Henri/Petite-Bourgogne à Montréal).

Des innovations sociales, il y en a foule d’autres au Québec, plus modestes tout en étant aussi signifiantes, en voici quelques-unes présentées lors de l’événement :

L’application « On roule » cartographie les endroits et commerces accessibles aux personnes en fauteuil roulant ou ayant une mobilité réduite. Très pratique pour un pourcentage important de la population ayant un handicap ou des limitations fonctionnelles.

« Bien dans mes baskets », un organisme qui intervient avec succès auprès de groupes de jeunes défavorises et marginalisés, à l’initiative d’un travailleur social passionné de basketball.

« B21 » qui allie art et société en créant des projets artistiques visant le développement social.

« Sciences dans mon école », lorsque des professeurs et étudiants universitaires organisent des ateliers d’initiation aux sciences dans les écoles défavorisées.

Et les régions ?

Les réalités rurales peuvent être très différentes, ne fut-ce qu’au niveau de l’accès au financement de projets. Martin Thibault, un « facilitateur de projets pas possibles qui se réalisent » souligne avec humour que « chez nous (en Gaspésie), nous n’avons pas de problèmes d’argent : nous n’en avons pas » ! Ce qui n’empêche pas les citoyens de s’organiser, quitte à occuper des locaux (Voir Loco Local). La recette : de fréquentes réunions autour de la potion magique d’un irréductible village gaspésien, un simple verre de bière.

Dans tous les cas, des volontés de voir et agir autrement, beaucoup de collaboration et de générosité.

« Collaborer avec l’ennemi »

Une des présentations les plus impressionnantes aura été la conférence de clôture d’Adam Kahane intitulée : Collaborer avec l’ennemi : Comment travailler avec des personnes avec qui vous êtes en désaccord, que vous n’aimez pas ou en lesquelles vous n’avez pas confiance. Une extraordinaire réflexion menée sur toute une vie, enracinée au cœur des plus grands conflits de la planète. Adam Kahane a patiemment, au contact répété de « collaborations difficiles », identifié les grands « malentendus » collectifs qui nous empêchent de sortir des situations d’impasse.

Un petit aperçu du cinquième et dernier malentendu : croire que « vous devez changer les autres ».

Adam Kahane raconte : « Dans une collaboration difficile, tout le monde entre dans la pièce en pensant que les autres doivent changer, ce qui est évidemment inatteignable. L’essentiel est de commencer par soi-même, toute autre attitude mettrait en danger la démarche audacieuse de collaboration… »

Comme quoi les recherches les plus avancées touchent aux vérités les plus fondamentales !

Autres « formules magiques » de l’innovation sociale, captées à la volée lors des présentations :

  • Décloisonner les grappes industrielles, briser les silos
  • Faire confiance aux potentialités des collectivités
  • Dépasser nos zones de confort, initier des projets qui viennent de la base plutôt que d’en haut
  • Se fier à la force de concertation plutôt qu’à l’esprit de compétition, favoriser la « pollinisation croisée »

Le modèle actuel est à bout de souffle, il nous faut le transformer en un modèle plus inclusif et équitable

Des parcours atypiques

À souligner, les parcours atypiques ou hybrides favorisent souvent la créativité et l’innovation sociale, quelques exemples cités durant les Rendez-vous de l’innovation sociale :

  • Jean-Martin Aussant, directeur général du Chantier de l’économie sociale, économiste et homme politique, se dit musicien avant toute autre chose.
  • Samuel Gervais, le co-fondateur de l’espace collaboratif et accélérateur « l’Esplanade » a commencé sa carrière à titre de photographe et cinéaste.
  • Natalie Voland a été travailleuse sociale avant de devenir la présidente de Gestion immobilière Quo Vadis.
  • Adam Kahane, expert dans la résolution de conflits et les collaborations difficiles, qui est intervenu dans des problématiques complexes et apparemment insolubles dans une cinquantaine de pays, a d’abord étudié en physique puis en énergie et ressources économiques.

Il y aurait sans doute encore beaucoup d’autres exemples !

En guise de conclusion

Vous avez manqué les rendez-vous de l’innovation sociale 2016, organisez-vous pour assister à l’évènement en 2017, cela en vaut le détour, autant pour l’émulation que pour rester branché aux nouvelles tendances sociales ! Nous sommes toutes et tous concernés par les grands défis sociaux auxquels nous faisons présentement face, les changements constructifs et les solutions créatives passeront inévitablement par l’innovation sociale !

Quelques liens :

À surveiller : la sortie du livre de Adam Kahane « Collaborating with the Enemy: An Open Way to Work with People You Don’t Agree With or Like or Trust. » Cet ouvrage devrait sortir en 2017 aux éditions Berrett-Koehler. En attendant, voir les autres livres publiés par Adam Kahane au :
http://reospartners.com/publication-type/books/


A Hero Behind the Scenes

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