Recommandations de L'Arche Canada pour la loi sur l'accessibilité

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Le 8 février dernier, des membres de L’Arche ont assisté à une séance publique de consultation sur l’accessibilité, comme des gens d’autres communautés de L’Arche l’ont fait dans leurs villes.

Ensemble, nous écrirons une page d’histoire

Le 8 février dernier, j’ai participé avec Janet Munro et Stacy Gilchrist à une séance publique de consultation sur l’accessibilité, comme des gens d’autres communautés de L’Arche l’ont fait dans leurs villes. J’avais participé à la rédaction de la soumission de L’Arche Canada, cependant, ce soir-là j’allais soutenir mes amies ayant une déficience intellectuelle, Janet et Stacy, parler avec et pour elles, et faire part de ce qui était important pour elles. Raphael, le responsable de la communauté de L’Arche Toronto et moi, avions cherché qui serait un bon représentant et avions tous deux pensé à Robert Gray. Celui-ci n’était pas intéressé, mais il m’a suggéré de demander à Janet et Stacy. Ce que j’ai fait, et elles ont accepté.

Janet, Stacy et moi avons regardé les questions pour la discussion publique :

  1. Quels sont les principaux obstacles liés à l’accessibilité auxquels font face les Canadiens handicapés ?
  2. Quelles mesures seraient nécessaires pour éliminer ces obstacles ?
  3. Comment pouvons-nous modifier les attitudes au Canada pour assurer une plus grande inclusion et un plus grand respect des personnes handicapées ?

Ce sont de bonnes questions, mais Janet et Stacy ont eu du mal car elles n’arrivaient pas à nommer des domaines où elles n’étaient pas incluses et respectées. J’ai essayé de formuler les questions autrement mais ne voulais pas les influencer. J’ai pensé : « Ça ne va pas marcher », puis me suis dit qu’elles seraient au moins présentes, même si elles n’avaient pas grand chose à dire. Elles avaient hâte d’aller à cette soirée – et à ce souper – avec moi.

Après un malentendu inévitable au sujet de la réservation de la fourgonnette, nous sommes arrivés un peu en retard au Chelsea. On nous a entassés dans la salle du fond au moment où ça commençait. Les gens de L’Arche Daybreak étaient dans la première salle. Je me suis senti plus à l’aise en reconnaissant plusieurs responsables de groupes nationaux et provinciaux de personnes avec un handicap. Nous avons suivi sur l’écran géant le discours d’ouverture de notre ami David Onley, ancien lieutenant gouverneur de l’Ontario et grand défenseur des personnes handicapées. Il a défini sa notion d’accessibilité : « ce qui permet aux gens de réaliser pleinement leur potentiel et de jouer un rôle substantiel comme citoyens », définition avec laquelle j’étais tout à fait d’accord. David a ensuite parlé du travail comme moyen pour les gens de réaliser leur potentiel, et là, j’étais un peu moins d’accord.

Le courage de dire les choses

Les responsables de la consultation nous ont alors expliqué les règles : ceux qui souhaitaient s’exprimer recevaient un numéro, et à l’appel de leur numéro ils avaient 6 minutes pour parler. « Qui veut dire quelque chose ? » Stacy a immédiatement levé la main et a eu le numéro 10. Janet était contente de laisser la parole à Stacy. Les premiers à parler avaient préparé leur texte et ont exprimé leurs questions et leurs inquiétudes. Un avocat a parlé des difficultés auxquelles sont confrontés les aveugles, à la manière d’une plaidoirie. Tout cela était très intéressant et formel. Si formel en fait, que je me suis calmé – Stacy, quoi qu’elle dise, serait au moins personnelle. Quand on a crié « numéro 10 », elle a levé la main et on lui a apporté le micro. Elle a dit de façon claire et mesurée : « Doré-Ann est en chaise roulante. » Je me suis penché vers elle : « Oui, Doré-Ann est en chaise roulante. Peux-tu dire aux gens qui est Doré-Ann ? ». « Je vis avec Doré-Ann, Doré-Ann est en chaise roulante. » Et elle m’a passé le micro.

J’ai dit : « Stacy et moi vivons dans la communauté de L’Arche à Toronto. Stacy a choisi de ne pas parler en son nom, mais au nom de sa coloc, qui est en chaise roulante, ne communique pas beaucoup verbalement, et a des besoins complexes. Je ne veux pas mettre de mots dans la bouche de Stacy, mais je peux dire que nous avons trouvé ce processus et ces questions difficiles; il n’était pas possible pour Doré-Ann de participer. J’aime la définition d’accessibilité de David Onley, et nous appuyons totalement l’importance du travail pour ceux qui ont la possibilité de travailler – comme Stacy et Janet. Mais nous nous nous sentons concernés par les laissés pour compte, les gens comme Doré-Ann, qui ne pourront jamais réaliser pleinement leur potentiel dans un emploi rémunéré. Comment soutenir les gens avec des besoins plus complexes, souffrant de troubles du spectre autiste ou avec de sérieuses déficiences psychiatriques, comment les aider à réaliser leur potentiel, à participer pleinement et apporter leur contribution ? »

Après plus d’une heure, il y a enfin eu une pause. Une mère et son fils, – à ma connaissance la seule autre personne présente ayant une déficience intellectuelle – sont venus vers nous. La mère a remercié Stacy : « Je n’aurais pas été capable de parler dans une salle comme ça, mais il fallait que nous soyons présents. Tu as dit ce qu’il fallait dire ». Nous les avons invités à venir nous voir à Daybreak.

Nous avons rejoint le groupe de Daybreak et appris que Courtney avait aussi fait part de ses questionnements et avait été photographiée avec David Onley. La plupart d’entre eux devaient repartir, et tout le monde trouvait que nous en avions assez entendu pour la soirée. Debbie est venue avec nous et nous sommes descendus manger. Nous avons célébré notre participation à ce dialogue historique, où ensemble nous œuvrons pour un monde où chacun a une place.

John Guido

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